La non violence éducative

Des astuces utiles pour la non-violence éducative

La journée internationale de la non-violence éducative est célébrée le 30 avril à travers le monde. Elle a été instituée en 2004 sous l’initiative de diverses associations et organisations, mais aussi sous l’action de Catherine Dumonteil-Kremer, avec pour ambition la promotion d’une éducation qui exclut toute violence. Cette journée vise aussi à sensibiliser contre les violences éducatives ordinaires. Les thématiques abordées dans le cadre de cette journée sont universelles et s’adressent à des parents, éducateurs et professionnels de l’enfance, où qu’ils soient situés à travers le monde. A l’occasion de cette journée internationale de la non-violence éducative, quelques clefs sont également présentées pour concevoir une manière alternative d’éduquer, à l’abri de toute violence.

La question de la violence éducative

Les généralités

Il arrive bien souvent que les parents se sentent dépassés, excédés face aux enfants. Il faut cependant savoir que les pratiques de violence, loin d’apporter un quelconque soulagement, nuisent au bon développement des enfants. La violence éducative désigne les formes violentes employées et tolérées dans le processus d’éducation des enfants. La non-violence éducative exclut toute forme de violence éducative qui peut être : 

● Physique : tirages d’oreille, fessées ou pincements ; 

● Psychologique : humiliation, chantage à l’affection ; 

● Verbale : menaces, injures. 

Les réalités luxembourgeoises

Sur la perception qu’ont les parents luxembourgeois quant aux violences éducatives, le témoignage du président de l’Ombudscomité pour les droits de l’enfant, René Schlechter, est édifiant : « la fessée et la gifle restent pour beaucoup de parents une pratique tout à fait acceptable et légitime pour réussir l’éducation de leur enfant ».

Ces pratiques s’inscrivent pourtant en violation de l’article 2 de la loi sur l’aide à l’enfance et à la famille en vertu duquel le Luxembourg a officiellement banni les châtiments corporels.

 A l’occasion de la journée internationale de la non-violence éducative, au Luxembourg comme dans d’autres pays, des ateliers de communication non-violente et des conférences d’experts sont organisés à l’adresse des parents et des professionnels de l’enfance.

 Cette démarche revêt aujourd’hui d’autant plus d’importance que les confinements successifs dus à la crise sanitaire du coronavirus ont mis en lumière l’ampleur des tensions à l’intérieur des cellules familiales, au Luxembourg comme ailleurs.

Outre les familles, la violence s’observe également dans le milieu scolaire. Avant la crise sanitaire et son cortège de confinements, le phénomène des violences scolaires a déjà connu une hausse de 26% entre 2017 et 2018.

Mais sous l’effet du confinement, l’association générale des professeurs de l’enseignement général et supérieur (AGESS) a dénoncé une montée de la violence chez certains jeunes au Luxembourg.
Apprenez-en plus sur ce site.

Dans le milieu scolaire qui a une vocation éducative par excellence, ce constat est inquiétant et mérite que l’on s’y penche en cette journée internationale de la non-violence éducative.

La communication

La communication est essentielle dans les rapports humains. Elle l’est d’autant plus avec les enfants qu’elle permet de construire les bases de leurs échanges avec leur environnement. 

La journée internationale de la non-violence éducative offre l’occasion de se pencher ici sur certains aspects de la communication. 

Pourquoi s’efforcer de mieux communiquer

Communiquer convenablement suppose d’avoir une claire vision de son propre ressenti afin de le livrer à son interlocuteur. Pour des parents qui ont appris dès l’enfance à se couper d’eux-mêmes, il peut être difficile de savoir soi-même ce que l’on ressent.

En effet, les souffrances et certains sentiments non souhaités ne pouvaient être pleinement ressentis, encore moins exprimés, en raison de leur violence ou des conséquences liées à leur extériorisation dans un contexte où la non-violence éducative n’est pas prise en compte.

Le refoulement employé pour les contenir et les confiner, devient alors, au fil des années, un réflexe constamment à l’œuvre. Il est pourtant nécessaire de faire preuve d’honnêteté et de courage afin de regarder en face ses propres sentiments. 

Cette authenticité à l’égard de soi constitue la première étape d’une communication empreinte de respect. Et, avec les enfants, c’est ainsi que la communication doit être comprise, loin du vernis de la politesse qui n’a pour priorité que de présenter une image sociale reluisante.

Echanger dans la politesse

La politesse qui importe tant pour les adultes s’acquiert avant tout par l’exemple. Les enfants imitent et développent progressivement des automatismes avec « bonjour, s’il te plaît, merci » et autres formules de politesse.

Plutôt que d’exiger des enfants qu’ils fassent preuve de politesse, dans le cadre de la non-violence éducative, la démarche la plus efficace consiste donc pour les parents à systématiser eux-mêmes l’emploi de ces formules. 

La question du respect

Il est une erreur de limiter la notion de respect à un dû des petits aux personnes plus âgées. Cette vision du respect est pernicieuse et inexacte.

Cette journée internationale de la non-violence éducative est l’occasion de rappeler que le respect est aussi dû aux enfants, sans être conditionné par un comportement dit exemplaire qui s’assimile à un effacement de leur personnalité.

Si les enfants n’exigent pas le respect à l’image des adultes, il leur est néanmoins tout à fait nécessaire à l’égard de leur dignité, de leurs désirs ou encore de leur personnalité. Les enfants n’ont pas à mériter le respect, il leur est dû.

Mais le fait est que la tendresse et la confiance suffisent largement ; lorsqu’ils sont présents, il n’y a plus aucune utilité à exiger le respect.

Comprendre les élans

Le moment où l’enfant commence à se déplacer par lui-même marque généralement le début des violences éducatives ordinaires. C’est à ce moment que la non-violence éducative prend tout son sens.

Mais pourquoi s’agace-t-on ? L’enfant fait-il autre chose que ce que lui dicte sa nature irrépressible d’enfant qui grandit ? Cette nature lui impose de toucher, d’expérimenter et de découvrir afin de comprendre et d’apprendre le monde qui l’entoure.

Il faut donc comprendre qu’il est normal que l’enfant qui grandit soit fougueux, animé de désirs qui naissent au plus profond de lui et qui nécessitent d’être poursuivis dans le cadre de son processus de construction et d’apprentissage. Cet article renseigne plus amplement quant au besoin d’apprentissage.

Quelles alternatives pour les éducateurs ?

Lorsqu’il est sur le point de faire une chose aux conséquences néfastes, une option est de se dépêcher de l’en empêcher, mais avec douceur, en ayant conscience que ce qui l’anime n’est pas la volonté d’exaspérer, mais plutôt d’expérimenter, de faire afin de voir ce qui se passera. 

Une autre option consiste à faire peur à l’enfant et passe généralement par des cris. Cela fait naître en lui des doutes sur lui-même, ce qui est évidemment nuisible. 

Pour René Schlechter, en pointe sur les questions de non-violence éducative au Luxembourg, il est nécessaire de proposer aux parents « des pratiques alternatives et non-violentes respectant la dignité de l’enfant », mais aussi de « trouver un bon équilibre entre la banalisation de pratiques violentes d’une part et la criminalisation systématique de parents démunis ou débordés ». 

Commettre des erreurs ne doit pas faire culpabiliser les parents. C’est en effet en commençant à faire preuve d’indulgence envers soi-même que l’on peut mieux comprendre les enfants et faire preuve de plus de patience à leur égard. 

Sur l’ensemble des aspects évoqués ci-dessus, les dynamiques à l’œuvre dans les familles et les milieux éducatifs doivent légitimement faire l’objet de questionnements en cette journée internationale de la non-violence éducative.

Au sein de nos structures, notre équipe pédagogique est formée aux formes de violence éducatives. Il n’y a pas de bienveillance sans cadre, le cadre et les limites sont nécessaires. Optons pour des consignes positives « on marche dans les couloirs » et une communication bienveillante à la hauteur des enfants (tant dans le langage verbal que non verbal).

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